— Ça, ce n’est pas fort, fit Hélène.
En général, tombant sur ses joues aguerries, les calottes la laissaient froide ; avouons-le : nous ne sommes pas éloigné de penser qu’elles la mettaient en belle humeur. Seulement, tout de même, Hour, cette fois, avait eu la main un peu lourde. Elle en resta suffoquée, l’air nigaud et gauche d’un enfant qui se retient de pleurer devant le monde, et constatant : « Non, ce n’est pas fort », sans se risquer à en dire davantage, crainte que les larmes ne forçassent la consigne à la faveur d’une émotion. Elles vinrent, pourtant, – discrètes, deux par œil, pas plus ! – car Cozal, apitoyé, l’avait attirée dans son bras et consolait, d’une caresse, le pauvre visage humilié.
— Là !… C’est fini !… On ne pleure plus !… Faites risette à votre ami. Vraiment, Hour, je ne vous comprends pas de frapper ainsi cette enfant !
— Pauvre petite ! murmura Hamiet.
Mais, enchanté de son action d’éclat :
— Hein ? Hein ? raillait le goguenard Stéphen Hour ; tu n’as pas passé au travers, sale bête, sale volaille, sale vadrouille !
Malin, il clignait de l’œil. Cette brute se jugeait fort plaisante, ayant d’ailleurs, il n’en doutait pas une minute, usé avec une grande réserve du droit que concède le génie de passer outre aux traditions en usage dans le vulgum pecus : le même qui permit aux uns de tuer Clytus après boire, aux autres de coucher avec leur sœur Pauline. Il était temps que l’entretien changeât. Hamiet, sa naturelle douceur révoltée, allait prendre parti dans la discussion quand, rallié, pour avoir la paix, aux affirmations du musicien qui répétait sans se lasser : « Chameau ! Chameau ! Chameau ! Chameau ! » :
— Oui, oui, parfaitement, dit Cozal ; c’est une affaire entendue ;