Page:Courteline - Les Linottes, 1899.djvu/114

Cette page n’a pas encore été corrigée

de son instrument les allégresses du Père la Victoire et du Régiment de Sambre-et-Meuse, le musicien, avec ce sens de l’à-propos qui le signalait de si longue date à l’admiration des foules, n’avait pas hésité une minute à taper dans l’oratorio, et dame ! ça n’avait pas traîné : la clientèle s’était levée et avait pris son vol comme une bande de moineaux. Prrrr !… Jamais plus on n’avait entendu parler d’elle. Quel homme !…

Dans le sous-sol du petit café où désormais il faisait de la musique pour le salpêtre des murailles, – ainsi Saint Jean, autrefois, se mit en frais d’éloquence pour les sables du désert, – Cozal et Hamiet le surprirent en train de s’expliquer avec la jeune Hélène qu’il traitait de salope et d’ordure, pour changer, et qu’il menaçait d’écraser à l’égal d’une simple punaise. Leur apparition imprévue sous le plein-cintre de l’escalier ne le détourna pas de la question ; au contraire, il ne s’y enfonça que davantage, les entraînant avec lui l’un et l’autre en les dédales mystérieux de ses rancunes sans qu’ils sussent au juste de quoi il s’agissait. Cozal, seul, à certaines allusions visant clairement les « sales gadoues » qui se trottent par la fenêtre quand on les croit au « pieu », devina que la jeune Hélène avait encore fait des siennes. Il resta bouche close, toutefois. Il avait promis à Hamiet le réjouissant révélé d’un client pas ordinaire, et, à recueillir ainsi le bénéfice des circonstances, il goûtait une joie de provincial fier de faire à un Parisien les honneurs de sa petite ville. Le malheur fut que cela finit mal : d’un aller et retour de soufflet lancé à toute volée par le vide des espaces et qui vint retentir, comme aux flancs d’une potiche, au visage soudainement empourpré de la fillette.

— Oh ! fit Hamiet.

— Hour ! fit Cozal.