de ses lèvres ; et ses regards ardemment tendus vers l’orateur guettaient l’explosion imminente ; et celle-ci ne s’était pas produite d’un : « Et cet homme, ce sera moi ! » vociféré par celui-ci dans un ample geste de muezzin appelant du haut de la mosquée les fidèles à la prière, qu’il braillait déjà : « Pas un sou ! » en boutonnant précipitamment son veston sur le contenu menacé de ses goussets.
C’est alors que l’adresse d’Hamiet rayonna de tout son éclat. Résolu à la conquête des écus récalcitrants, il se refusa à seulement en vouloir entendre parler !… tout en lâchant chez le camarade cet âpre chien « du jardinier » qui ne dort jamais que d’un œil en l’âme des spéculateurs.
— De l’argent !… De l’argent !… cria-t-il. Eh ! je m’en moque bien, de votre argent ! J’en ferais jaillir des pavés, avec une idée pareille ! Du reste, soyez tranquille ; c’est fini de rire, tous les deux. J’aimerais mieux vendre toute ma vie du mouron pour les petits oiseaux que d’entreprendre encore quoi que ce soit avec nous.
— Tiens ! fit Gütlight surpris. Pourquoi ?
Hamiet le fixa dans le blanc de l’œil et répondit :
— Parce que vous portez la guigne ; c’est bien simple.
Il sema ce bon grain en bonne terre, après quoi, de l’air le plus doux et le plus innocent du monde, il puisa une pincée de barbe-de-capucin dans le saladier que lui présentait le valet de chambre, sourd aux protestations du juif qui s’emportait bruyamment, répétait qu’il n’admettait pas une pareille insinuation, qu’on tuait, avec de telles légendes, le crédit d’un monsieur du jour au lendemain, et cætera, et cætera : toutes déclarations énergiques – derrière lesquelles la peur d’avoir parlé trop vite et raté le coche au passage ne se voyait guère