dans les poches que depuis qu’on le fout par les fenêtres !… Ce point acquis, où chercherez-vous l’explication du phénomène poussant à s’aller enfermer dans la nuit d’une salle de spectacle des gens qui devraient être avides tant de se dérouiller les jarrets que de se rincer les bronches à l’air pur des campagnes ?… voire, l’avril venu, à sacrifier les bois de Sèvres et les bords fleuris de la Marne à de vulgaires vaudevilles dont ils pourraient tout aussi bien, le soir même et au même prix, aller applaudir les drôleries ? Quel est ce mystère ? Car il y en a un !… Où est le pourquoi, – car il existe – d’un illogisme qui déroute ?
Le mutisme des deux convives témoignant de leur ignorance :
— Eh bien ! ce pourquoi je l’ai trouvé ! annonça Frédéric Hamiet. Il tient tout entier dans ceci que l’existence s’est modifiée et que les théâtres en sont restés au point où ils en étaient il y a trente ans ; que, depuis trente ans, sans qu’ils s’en soient aperçus, l’heure du dîner a retardé chaque soir d’une demi-seconde sur la veille, et que, de demi-seconde en demi-seconde, Paris en est arrivé à se mettre à table à huit heures quand ce n’est pas à huit heures et demie. D’où je conclus que des milliers de citoyens lèvent tous les soirs le couvercle de leur soupière au moment même où les machinistes du Gymnase, des Variétés et de la Porte-Saint-Martin lèvent les rideaux de leurs théâtres. Et vous croyez que ces gens-là iront lâcher les dix ou douze francs d’un orchestre pour aller voir une fin de pièce ? se repaître de situations qui leur seront incompréhensibles ? de dénouements qui resteront pour eux lettre morte ? Point ! Ils iront traîner leurs guêtres par l’asphalte des boulevards ou prendre un bock à une terrasse de café ; et ils auront bien raison ! Et de même les brassées