de poulet, et l’information aujourd’hui est faite comme par des gâteux ! De ceci que les théâtres font de l’argent en matinée et que, par contre, leurs recettes journalières ont une tendance à baisser au profit des music-halls et des cinématographes, un reporter tirait hier cette conclusion que les Parisiens n’aiment plus le spectacle le soir. C’est imbécile ! Si le public – ce qui est exact – demeure fidèle à la matinée du dimanche, c’est qu’il y est contraint et forcé. Il ne la préfère pas… Loin de là… Il s’en contente, faute de mieux ; il l’accepte comme pis-aller, comme on mange des merles faute de grives.
Gütlight pensa comprendre.
— Il est certain, dit-il, que le prix élevé des places…
Mais il dut s’en tenir là.
— Eh ! s’exclama Hamiet qui sabra le vide d’un geste impatienté, que venez-vous nous chanter là et qu’a à voir là-dedans le prix élevé des places ? Le prix élevé des places !… en un temps où l’argent, complètement détourné de son vrai but : l’épargne, n’est plus qu’un instrument de jouissance immédiate !… où les gens vont à Monaco comme on allait autrefois à Chatou, et où les dots des filles payent les autos des pères en application par ceux-ci des vieux principes : « Après moi s’il en reste! » et « Tire-toi de là comme tu pourras ! ». Vous me faites rire avec votre cherté des places ! Une voix s’est-elle élevée, – une seule !… – contre le récent coup d’État des directeurs de théâtres collant sur le dos du public le 10 % de l’Assistance ? et n’a-t-il pas accepté, le public, une mesure qui grève cependant son budget dans une proportion importante, avec la même bonne humeur que s’il en eût bénéficié ? Si !… Alors ?… C’est d’ailleurs un fait, incroyable et manifeste, invraisemblable et établi, qu’on n’eut jamais tant d’argent