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— Non ? fit Croquebol d’un ton tout à la fois interrogatif et méfiant.

Le brigadier s’emballa :

— Quante j’te l’dis ! C’est t’y qu’tu m’prends pour un menteur ! Quien, preuve que v’là ta permission : “ Croquebol Jean-Philippe, cavayer de 1re classe, permission de 24 heures. ” Sais-tu lire, sacrée tête de boche ?

Croquebol, que poursuivait encore le vague soupçon d’être mystifié, prit le papier et le parcourut en silence. Mais tout à coup son visage en pleine lune se colora d’un flot de sang, et, élevant au-dessus de sa tête ses deux battoirs gantés de hâle, il vociféra :

— Vive la classe !

Justement, le matin même, il avait écopé de deux jours sur le terrain de manœuvres, en sorte que pour lui aussi c’était coup double à la veine.

— Ah ! ah ! tu rigoles à c’t’heure ! dit le brigadier, qui triomphait.