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quoi ? j’suis un imposteur ? je déshonore le nom que je porte ! — Croquebol, dis la vérité ! c’est-t’y que je blague, oui ou non ?

Quelque peu pris au dépourvu, le bon Croquebol balança, partagé entre le cri insurgé de sa conscience irréprochablement pure, et ce besoin de forfanterie, de hâblerie, de vantardise ingénue, propre à tout soldat qui se respecte.

Ce fut le sentiment de l’épate qui l’emporta.

Par trois fois, de haut en bas, il hocha son court menton qu’enflorissait un poil rare, et à mi-voix, la main posée sur le sein gauche, il dit :

— C’est la vérité vraie !

Qui triompha alors ? Ce fut La Guillaumette ! Autour de lui, sur l’assistance, il promenait un regard de défi victorieux !

— Hein ! vous voyez, j’lui fais pas dire !

Et déchaîné, assoiffé de lauriers, il dit l’histoire du 119. Ce fut un morceau admirable. En cette maison (que, pour la circonstance, il consignait