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poussière d’un soufflet de poudre insecticide. Et debout, le doigt étendu dans la direction de la porte :

— Foute-moi le camp, nom te Tieu ! Foute-moi le camp et plus vite que ça !

Ils mirent à gagner la sortie une discrétion précipitée et de bon goût. Sur le palier, le même sous-officier de garde qui les avait amenés tout à l’heure les cueillit et les remit sous clé. Ils se trouvaient face à face, aussi avancés que dans le principe, abasourdis, malades d’anxiété et d’incertitude, gardant un reste d’épouvante de gens échappés par miracle aux mains meurtrières d’un fou.

Ils restèrent ainsi quatre jours sur le zist et le zest, ne voyant que les murs suintants de leur cellule et le petit rectangle de lumière ouvert sur le ciel resplendissant de l’été ; se gavant de pain, histoire de tuer leur ennui ; vidant des cruches d’eau par dizaines, et torturés à ce point de la privation de tabac, qu’ils en tétaient pendant des