Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/28

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de rancunes et de haines lentement et laborieusement accumulées, avaient mijoté le petit plan de laisser en partant, au sous-officier, un de ces p. p. c. qui se gravent à jamais en les mémoires même les plus rétives. Ils l’avaient donc guetté, la nuit, à un détour de ruelle déserte, et, lui tombant dessus, par derrière, l’avaient laissé pour crevé sur le sol, la tête en sang, sans connaissance, le tibia brisé d’un coup de fourreau de sabre.

Un honnête homme en eût eu son compte réglé net ! Mais Flick avait le cuir solide et la force de résistance de toute bête malfaisante et dangereuse : Il s’était tiré de l’aventure avec quelques semaines d’hôpital et une claudication légère, un traînage de la quille gauche qui lui donnait un balancement de grosse cane, ajoutait un je-ne-sais-quoi de piteusement misérable, à ce qu’avait déjà sa personne de grotesque et de repoussant : Cinq et trois… huit ! Cinq et trois… huit !

Ainsi bâti, Flick se savait hideux comme déjà il