Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/256

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trant la transparence vaporeuse, rose à peine, des teints de vierges convalescentes. Le soleil, derrière un voile, s’attardait en la mutinerie dernière d’une bouderie qui capitule ; et c’était l’été une fois de plus, un été gai, charmant, exquis, fait du parfum des verdures trempées, de l’éveil ravi des oiseaux, de la douceur ineffable des choses. À l’arrêt des toits inclinés, des gouttes d’eau pendaient encore, gonflées et telles que des larmes. Elles s’y balançaient un instant, puis, soudainement détachées, comme sous la cueillie délicate d’un doigt que l’on ne voyait pas, elles tombaient la tête la première, et le bruit saccadé de leur chute sur le sol jetait dans le mystère de ces rues endormies l’égrènement d’un rire léger : le rire du beau temps qui succède à l’averse. Dans les lointains, des coqs échangeaient un mot d’ordre.

— Bonsoir de bonsoir, murmura Croquebol inquiet, pourvu cor’ que ce pierrot-là nous aye pas fichus en retard ! Allongeons, crebleu, allongeons !