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cave, on l’entendit, emplissant de son organe puissant les échos d’une cage d’escalier :

— Mesdames, au salon ! Pressons-nous ! Il y a des personnes qui attendent !

Sur la molesquine d’une banquette, La Guillaumette et Croquebol s’étaient affalés côte à côte avec un « ouf ! » parti à la fois de leurs deux bouches et où tenait l’immensité d’une lassitude qu’ils n’eussent jamais supposée telle. À eux deux, des pieds à la tête, ils n’étaient qu’une courbature ! C’était comme si, durant des heures, on les eût roués à coups de matraque, et ils eussent juré qu’une brute sauvage leur avait lardé les jarrets avec des chevilles. Sur leurs têtes, des sommiers craquaient, un brouhaha assourdi de petites pattes trottant à nu sur le plancher et de bottines chaussées à la dépêche les initiaient à la turbulente éveillée d’un pensionnat de demoiselles. Et bientôt, une à une, ces dames apparurent, ébouriffées, dormant debout, l’œil humide, avec des coins de lèvres tordus qui