Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/184

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La Guillaumette prit la parole et, du commencement à la fin, il conta sa petite affaire. Le soldat écoutait, prodigieusement intéressé, hochant la tête de temps à autre et lançant un : “ Eh ben, mon vieux… ! ” où tenait tout l’excès de sa surprise.

— La blague est bonne ! dit-il enfin.

La Guillaumette qui, avec un copain, ne voyait plus de motif à se gêner, aborda le point délicat :

— C’est pas tout ça : où q’sont les gerces[1] dans ce pays-ci ?

Le factionnaire dut estimer cette question singulièrement saugrenue, car il en eut un saisissement.

Il répéta :

— Les gerces ? En v’là t’y un’ demande ! C’est dans la rue Haute, parbleu ! au 119 !

— La rue Haute, dit le brigadier, je connais pas la rue Haute, moi !

— Tu connais pas la rue Haute ?

  1. Les filles.