Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/171

Cette page a été validée par deux contributeurs.

et, pour ce faire, de traverser l’eau à nouveau. Une passerelle de bois vermoulu que rencontra la main de Croquebol dans l’ombre et sur laquelle, toujours courant, ils s’engagèrent, les remit dans la bonne voie — avec cette particularité toutefois, qu’elle commença par les déverser en pleine mare. Un lac maintenant s’étendait sous leurs pieds, et, au premier pas qu’ils risquèrent, une gerbe de boue jaillit de dessous leurs semelles, un feu d’artifice liquide retombant en gouttelettes serrées sur leurs mains et sur leurs moustaches.

— Halte ! commanda le brigadier.

Ils s’arrêtèrent.

Comme si, dans une courte accalmie, l’orage eût repris de nouvelles forces, la pluie, un instant suspendue, tombait avec un redoublement de violence.

Sur leurs têtes des torrents croulaient, des cataractes lâchées par un ciel éventré, et où de brutales rafales s’ouvraient passage en hurlant.