Page:Courteline - Le Train de 8 h 47, 1890.djvu/137

Cette page a été validée par deux contributeurs.

des salauds, buvant un coup au litre entre chaque couplet. Aux stations, ils baissaient la glace, et, dans le cadre étroit de la même portière, ils passaient leurs deux figures, qu’enluminait une légère pointe de saoulerie.

Et ils faisaient des plaisanteries ; au gendarme de planton ils criaient : « Eh, gendarme, salut ! », puis quand on se remettait en marche, ils se payaient bruyamment la tête d’un homme d’équipe resté en arrière, sur le quai, ravis d’aise si l’homme, de loin, leur lançait un haussement d’épaules dédaigneux ou une injure qui s’allait perdre dans le vent.

À Bar-le-Duc, comme ils s’étonnaient, voyant l’heure, de n’être pas encore rendus, le chef de train parut, son falot à la main, sur le marchepied de la voiture.

Il demanda :

— Vous avez vos billets, militaires ?

— Les voilà, dit La Guillaumette.