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vérité est qu’on parle d’art plus facilement qu’on n’en fait, et qu’il est plus facile d’en faire avec le martyr des bêtes qu’avec les sept notes de la gamme, les sept couleurs de l’arc-en-ciel, les vingt-cinq lettres de l’alphabet ou le contenu d’un baquet de glaise.

J’apprécie fort les matchs de boxe. Des gens faciles à étonner s’en sont étonnés quelquefois, jugeant cette petite faiblesse, dont je ne fais mystère à personne, en désaccord avec la haine des corridas, que j’éprouve, professe et proclame.

Pourquoi ?

Il n’y a rien de commun entre la corrida et le match. Le match, mutuellement et librement consenti, met en présence deux adversaires dont chacun se fait, de gaîté de cœur, casser le nez, désorbiter l’œil ou défoncer les mandibules. Il préfère ce mode de gagne-pain à l’ennui de conduire l’autobus ou d’écouler