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fois, me fait envelopper les seconds du même dégoût que m’inspirent les premiers. Je me suis même brouillé avec pas mal d’amis coupables d’avoir assisté en curieux à l’infamie des corridas, tant est profond l’abîme que creuse entre eux et moi leur honteuse curiosité, et, quelle que soit mon horreur de la guerre, je nourris pourtant le vague espoir que ma chère et noble patrie la fera un jour à l’Espagne pour la contraindre à la destruction des plazzas.

En somme le sang versé sur les champs de bataille n’y aura pas souvent coulé pour une si généreuse cause.

Il est communément admis que le côté « Art » des corridas en sauve le côté monstrueux.

Je connais l’argument : il avait déjà cours au temps du roi Salomon, alors que le sacrificateur précipitait dans la gueule embrasée de Moloch des enfants hurlant d’épouvante. La