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un mot que la Prusse a recueilli, qu’elle a pris au sérieux et dont elle périra.

— La Force, a-t-il dit, prime le Droit.

C’est là une vérité d’une heure, une vérité momentanée, et toute vérité qui n’est pas éternelle n’est pas une vérité du tout.

La Force prime si peu le Droit qu’en aucun cas elle ne l’engendre, et que le Droit, lui, au contraire, finit toujours par engendrer la Force, qui en devient le mur de soutènement.

Si l’Agresseur eût vu le triomphe de l’abominable attentat, c’eût été tellement la fin de tout, la banqueroute du pauvre petit patrimoine d’idées saines, d’espoir en Dieu de confiance dans le Droit et dans la Vérité, qui nous aide à faire bon marché des malpropretés de la vie, que je n’ai pas plus tremblé — je le confesse ici, à mon honneur ou à ma confusion, — pour ma chère Patrie que pour ma chère Justice.