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l’autre, et qu’identifient à faux les grandes coquettes chargées du rôle à la Comédie-Française. Combien, à leur grave beauté, je préférerais la simple et exquise gaminerie de Mlle Huguette Duflos, sa frimousse à mourir de rire, l’ironie éveillée comme une potée de souris en ses yeux qui regardent le monde sans arrêter de se ficher de lui. On oublie vraiment un peu trop que Célimène a vingt ans et que Molière n’a pas, pour rien, tiré de cette puérilité spirituelle et désarmante l’obstacle où la sagesse d’Alceste, son expérience des hommes, des choses, de la vie, viennent tranquillement se casser le nez : moralité de la comédie.

Il y a aussi le premier acte, l’un des plus durs, des plus arides, qui existent au théâtre ; fait d’une conversation d’Alceste avec Philinte, où, vingt minutes durant, l’un envoie coucher l’autre, systématiquement, de parti pris, sans qu’on sache au juste pourquoi ; puis d’une scène où un charmant sonnet est livré aux rires du public, qui, naturellement, ne rit pas, ayant envie d’applaudir, et écoute