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tumés à ne voir dans la vie que des mots et que des apparences, et qui, grossièrement trompés au sens du mot « amuseur », ne voient pas de quelles tristesses sont faits certains éclats de rire.

Le tort des humoristes du second Empire a été de croire, de l’humour, qu’il se suffit à lui-même ; de l’homme d’esprit, qu’il n’a que faire d’être, — ce qu’il doit être avant tout, précisément, — un homme de lettres ! Pas plus l’humour ne se suffit à lui-même que ne se suffisent à eux-mêmes la prose du faiseur de mélos ou le lyrisme des librettistes d’opéras.

Au fond, avec nos airs de nous ficher de tout, nous faisons un métier très dur, car il n’en est pas qui exige un plus jaloux, un plus constant souci de la dignité des Lettres. Cette