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comme un coup de canon, elle fuit la maison qui fut celle du bonheur et dont ses yeux d’hallucinée évoquent maintenant la détresse : le buffet vide, la table nue, le triste vis-à-vis de deux chaises devant le vis-à-vis de deux assiettes au creux desquelles il n’y aura rien… Elle, encore, à la rigueur, elle en prendrait son parti, et, résignée, téterait son pouce en attendant des jours meilleurs ; mais Lui, mon Dieu ! avec sa trentaine bien portante, ses dents de lévrier, splendides, au service d’un bon appétit qui ne se paye pas de vaines promesses !…

L’issue ?

Que faire ?

À quelle porte frapper ?

Femme, elle ne sait pas mettre au point. La peur des cris, des scènes, des reproches, s’accroît d’exagérations nées de sa cervelle d’oiselet, et peu à peu elle sent se développer en elle l’idée d’une solution demandée — pauvre enfant ! — à l’atrocité du Pire, quand tout à coup, derrière son dos, une voix s’élève, qui marmonne :