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répond pour moi. Il est pur de toute souillure ; ça, je peux vous le jurer sur la tombe de mon père ! (Je ne parle pas de l’affaire du petit collégien ; plus j’y pense, plus je suis convaincue que j’ai agi sous le coup d’un accès de folie.)

Alors, quoi ?

Pourquoi ce silence ? Aurais-je fait sur vous une mauvaise impression ? Votre accueil si bienveillant, vos compliments si flatteurs, les paroles de consolation et d’espérance, si douces à mon inquiétude, que vous m’avez prodiguées, m’autorisent à n’en rien croire. Est-ce parce qu’à un moment je vous ai dit : « Ôtez vos mains, ne faites pas l’enfant, soyez sage ! » Si c’est pour ça, si c’est parce que je vous ai parlé d’une façon aussi impolie, eh bien, je vous en fais mes excuses. Je ne savais pas ce que vous vouliez ; puis, je vous l’avoue, j’ai eu peur !… Vous aviez l’air d’un gros lion.

Par pitié, Monsieur et très cher ami, mettez un terme à mon supplice, en me faisant savoir si, comme vous deviez le faire, vous avez parlé pour moi à M. le garde des sceaux, et si, dans tous les cas, je puis toujours compter sur votre précieuse protection. Moi, c’est bien simple, je ne sais pas comment je vis ! Je ne mange plus ; je ne dors plus ; on ne sonne plus à ma porte que je ne saute au plafond… Je crois tou-