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La femme

Voici venue enfin cette semaine,
Fête du cœur comme du souvenir,
Qui voit ici fleurir la cinquantaine
D’une union que rien n’a pu flétrir.

L’homme

Hélas ! le temps fuit avec les années !…
Mais si l’hiver poudre nos cheveux blancs.
Baisons pourtant nos lèvres embaumées !…
Nos cœurs, ma Jeanne, ont toujours leurs vingt ans.

Ensemble

Viens ma chérie,
(L’instant charmant !)
Dans la prairie
Courir gaiement.
Viens, ah ! viens vite !
L’air parfumé,
Tout nous invite
À nous aimer.

Ritournelle sur la guitare et la mandoline, au cours de laquelle les deux mendiants, impassibles, échangent sans se regarder, le colloque suivant.

L’homme, bas

Vrai alors, t’en as du culot, d’oser dire que j’ai le nez sale.

La femme, bas

Bien sûr, t’as le nez sale.