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LA CINQUANTAINE


Rue de la Chapelle. Une cour au fond d’un cube haut de six étages dont les innombrables fenêtres sont pavoisées de linges et de langes. Presque à ras du sol, une croisée ouverte en carré révèle la loge du concierge et la silhouette de celui-ci, penché sur des bottes, qu’il retape. À angle droit sur la loge, une porte numérotée 100.
Un couple de miséreux s’apprête à chanter.
L’homme (soixante ans, barbe en broussaille couleur de cendre, les doigts de pieds vaguement devinés par l’à-jour de chaussures ouvertes en jeu de tonneau tend, puis éprouve d’un doigt expert, les cordes de sa guitare.)
Sa femme (aucun âge présumable : quarante ans ou soixante-cinq ; la poitrine comme une ardoise, emprisonnée en un désolant jersey qu’achèvent des basques en créneaux, interroge de son regard résigné le vide béant et noir des fenêtres.)