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vie. Vous comprenez que j’en ai assez.

DES RILLETTES.

Sans doute ; mais… ça m’est égal.

MADAME BOULINGRIN, non sans quelque ironie.

C’est tout naturel, parbleu ! Qu’est-ce que ça peut vous faire à vous ?
MADAME BOULINGRIN — Comme ça.
Ce n’est pas vous qui tenez la queue de la poêle et qui payez les pots cassés. Alors vous tranchez la question avec le désintéressement d’un bon gros diable de pourceau confit dans son égoïsme. Trop commode ! Il est probable que vous changeriez de langage si vous étiez, pieds et poings liés, livré à la fureur d’une brute sanguinaire qui vous traiterait en esclave et vous battrait comme un tapis. Car il me bat. Vous ne le croyez pas ?

DES RILLETTES, battant prudemment en retraite.

Si ! si ! si !

MADAME BOULINGRIN, marchant lentement sur lui.

Non seulement, entendez-vous bien, il me meurtrit de bourrades au point de m’en défoncer les côtes, mais il me pince, qui plus est !… à m’en faire hurler, le misérable !… et (Pinçant des Rillettes, qui proteste.) pas comme ceci, ce ne serait rien… non : entre l’os de l’index et la deuxième phalange du pouce ! Comme ça. (Elle joint l’exemple à la démonstration, en sorte que des Rillettes, le bras comme dans un engrenage, se répand en clameurs douloureuses.) Vous voyez ; ça forme l’étau.

DES RILLETTES.

Ah ! Eh ! Oh ! Hi !

À ce moment rentre Boulingrin, une assiette de soupe à la main.


Scène VII

DES RILLETTES, LES BOULINGRIN
BOULINGRIN, à des Rillettes.

Goûtez !

DES RILLETTES, sursautant.

Qu’est-ce que c’est que ça, encore ?

BOULINGRIN.

C’est de la mort aux rats. Goûtez ! Goûtez donc, tonnerre de Dieu ! Ça va vous fiche la colique.