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BOULINGRIN.

C’est trop fort !… Coquine !

MADAME BOULINGRIN.

Cocu !

BOULINGRIN.

Gaupe !

MADAME BOULINGRIN.

Gouape !

BOULINGRIN.

Quelle existence !


MADAME BOULINGRIN. — Et celui-là.
MADAME BOULINGRIN.

Je te Conseille de te plaindre. (À des Rillettes.) Un fainéant doublé d’un escroc, qui ne fait œuvre de ses dix doigts et se saoule avec l’argent de ma dot : les économies de mon vieux père !

BOULINGRIN, au comble de la joie.

Ton père !… (À des Rillettes.) Dix ans de travaux forcés pour faux en écritures de commerce.

MADAME BOULINGRIN.

En tous sas, on ne l’a pas fourré à Saint-Lazare pour excitation de mineure à la débauche, comme la mère d’un imbécile que je connais.

BOULINGRIN, à des Rillettes.

Vous l’entendez ?

DES RILLETTES.

Ne trouvez-vous pas que le temps s’est étrangement rafraîchi depuis une quinzaine de jours ?

BOULINGRIN, à sa femme.

Ne me force pas à révéler en l’infection de quel cloaque je t’ai pêchée de mes propres mains.

MADAME BOULINGRIN.

Pêchée !… Tu ne manques pas d’audace et je serais curieuse de savoir lequel de nous a pêché l’autre !

BOULINGRIN.

Ernestine !

MADAME BOULINGRIN, formidable.

Silence ! ou je dis tout !!!

BOULINGRIN, trépignant.

Ah !… ah !… ah !…

DES RILLETTES, avide de concilier.

Du calme !… Madame a raison.

BOULINGRIN, qui bondit.

Raison ?

DES RILLETTES, doux et souriant.

Oui.

BOULINGRIN.

Raison !

DES RILLETTES.

Mais…

BOULINGRIN.

Raison !… Ah çà ! monsieur des Rillettes, vous voulez donc que je vous extermine ?

DES RILLETTES.

En aucune façon, monsieur. Je vous prie même de n’en rien faire.