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La Brige, étonné.

Oui et non. Je le connais pour avoir entendu parler de lui ; mais notre intimité ne va pas jusqu’à jouer au billard ensemble.

Lonjumel.

C’est regrettable.

La Brige.

Tiens !

Lonjumel.

Oui.

La Brige.

Pourquoi ?


Une ardoise s’était venue planter dans le cuir d’un marchand de quatre-saisons
Lonjumel.

Parce qu’il y a tout à attendre de la fréquentation des personnes haut placées… Le bon Dieu, en somme, c’est la foudre…

La Brige.

Eh bien ?

Lonjumel.

La foudre, c’est l’incendie…

La Brige.

Et puis ?

Lonjumel.

L’incendie, c’est l’indemnité ; et l’indemnité, c’est…

La Brige.

C’est ?

Lonjumel.

Dame !… C’est l’achat d’une seconde maison, cette fois à l’alignement des autres, et dont le toit, en bon état, ne menace plus les purotins ni les marchands de pommes de terre.

Long silence. Les deux hommes se regardent fixement.
Lonjumel.

Pourquoi me regardes-tu ?

La Brige.

Pour rien. — Pourquoi ris-tu ?

Lonjumel.

Je ne ris pas.

Nouveau silence. Enfin :
La Brige, hochant la tête.

Sais-tu que tu en as de bonnes et que tu me donnes là un beau conseil ?

Lonjumel.

Penses-tu que je te l’aurais donné, si je te croyais homme à le suivre ?

La Brige.

Tu es un bon garçon ; je t’aime de tout mon cœur. Tout de même, il est drôle de penser que des honnêtes