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la garde à la police, à l’écurie, et tout. D’ailleurs, v’pouvez vous assurer.

Le sous-officier.

Je le sais bien, que je peux m’assurer ; je n’ai pas besoin de votre permission. — D’abord, pourquoi donc est-ce vous qui rendez l’appel ce soir ? Où est le brigadier Sauvage ?

Lidoire.

À l’hôpital.

Le sous-officier.

À l’hôpital ? (Haussement d’épaules.) C’est bien le moment de tirer au cul.

Lidoire.

Y tire pas au cul, mon lieutenant. Y ya arrivé un sale coup au pansage d’à c’t’ après-midi : un coup de sabot en pleine figure…

Le sous-officier.

C’est bon. (Désignant un lit.) Qui couche là ?

Lidoire.

Chaussier, puni sall’ police.

L’un suivant l’autre et l’éclairant, Lidoire et le sous-officier font le tour de la chambre. Et à chaque lit, dont le sous-officier, du doigt, touche le couvre-pied, au passage, Lidoire donne une explication : Cabriol, garde écurie ; Liandier, garde de police ; La Biscotte, trompette, permissionnaire de dix heures ; Truffe, puni de prison ; Pied, à l’infirmerie ; brigadier Sauvage…

MARABOUT. — Oui, mon lieutenant.
Le sous-officier, qui fait halte devant Marabout.

Vous êtes un bleu, vous ?

Marabout.

Oui, mon lieutenant.

Le sous-officier.

Vous en avez bien l’air. (Il lui retrousse le bas de sa veste.) Vous n’avez pas de bretelles. Prenez votre couverte ; vous allez descendre à la boîte.

Lidoire, qui s’interpose.

C’est jeune, mon lieutenant ; ça compte à l’escadron d’à seulement c’matin ; ça fait que ça ne sait pas ’core…

Le sous-officier.

Raison de plus. Ça lui apprendra. D’ailleurs on a besoin de beaucoup d’hommes punis pour casser, le matin, la glace des abreuvoirs. — Ah çà, c’est dégoûtant, ici ! En voilà une bauge ! Qui est de chambre ?

Vergisson, la main au calot.

C’est moi.