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l’Exposition a outrepassé le sien, prenez-vous-en à elle, et laissez-moi tranquille. »

Le président.

La Société avait raison.

La Brige.

Cent fois ! Aussi, ayant, sans récriminations, payé les frais du procès, assignai-je en référé la Commission de l’Exposition qui me dit : « Je ne vous connais pas ; je ne sais pas ce que vous voulez me dire. J’ai passé moi, Exposition, des contrats synallagmatiques avec les concessionnaires de terrains, contenus, circonscrits, enfermés à l’intérieur de mes palissades. Est-ce votre cas ? Ai-je pris avec vous des engagements que je n’ai pas tenus ? — Non ? — Eh bien, qu’est-ce que vous me chantez ? Si la Ville de Paris a méconnu son devoir en me laissant le pouvoir de concéder un droit, prenez-vous-en à elle et laissez-moi tranquille. »


LA BRIGE. — Les soldats et le peuple, les dimanches de beau temps,
s’attablent aux terrasses des cabarets.
Le président.

L’Exposition avait raison.

La Brige.

Tellement raison que, pas une minute, l’idée ne me vint de discuter. Ayant donc, pour la seconde fois, acquitté le montant de la carte, j’assignai en référé la Ville de Paris qui me dit… — car cette histoire, en vérité, a l’air d’un refrain de ballade, d’une scie de café-concert ! — … qui me dit : « Je ne vous connais pas ; je ne sais pas ce que vous voulez me dire. J’ai, moi, Ville de Paris, moyennant une somme de…, cédé à Tailleboudin, votre propriétaire, un terrain que je possédais avenue de La Motte-Picquet, avec droit, pour lui, d’y bâtir un immeuble et d’en tirer des revenus. Vous appelez-vous Tailleboudin ! Avons-nous fait affaire ensemble ? Hein ? Non ? Alors, qu’est-ce que vous réclamez ? — Si votre appartement a cessé de vous plaire, allez demeurer ailleurs et laissez-moi tranquille. »

Le président.

La Ville avait raison.