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ANDRÉ. — « C’est pour la paix que mon marteau travaille ».


ACTE DEUXIÈME

Un salon modeste. Au fond, un peu sur la droite, une porte à deux battants. À droite, une porte latérale ; à gauche, une croisée, distinguée à travers la mousseline du rideau qui la masque.
Au fond aussi, face au public, une armoire de chêne.
À gauche, Adèle qui travaille, et près d’elle, un guéridon supportant une corbeille à ouvrage et une lampe à vaste abat-jour.
À droite, assis sur une chaise longue, André, en culotte et veston, astique à l’aide d’une peau de daim, la trompe de sa bicyclette.

Scène PREMIÈRE

ADÈLE, ANDRÉ
D’abord long silence. C’est le calme recueilli de l’intimité. Pas une parole. Grincements légers des ciseaux. Une minute s’écoule ainsi. Soudain, André chantonne entre ses dents, sans interrompre son petit travail, d’ailleurs :

« C’est pour la paix que mon marteau travaille,
Loin des combats, je vis en liberté ;
Je hais le feu, la poudre et la mitraille ;
Je ne forge le fer que pour l’humanité. »

Adèle, d’un ton de reproche.

André !

André, rappelé à l’ordre.

Pardon.

Reprise de silence ; puis, coup de sonnette. André bondit sur ses pieds, et en un clin d’œil va se blottir dans le bahut dont il ramène sur lui les battants ; ceci sans avoir dit un mot. Adèle, elle, est venue à la porte du fond, puis à une autre porte, qui est celle du palier et que laisse voir l’encadrement de la première. — Elle ouvre.


Un monsieur, sur le carré.

Mademoiselle Tambour ?