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Alceste

J’eus tort ! Ils sont d’un bête à couper par morceaux !

Oronte

Jetez donc à deux mains des perles aux pourceaux !

Alceste

Peste soit des grimauds et des vers imbéciles !

Oronte

L’injure porte en soi des armes trop faciles !
Je vous laisse le pas…

Alceste

Je vous laisse le pas…J’allais vous en presser.

Oronte

… Tout en gardant pour moi ma façon de penser.
Il suffit. Je m’entends. Bonjour. Mes courtoisies
Tirent la révérence aux basses jalousies.

(Il salue.)

Mangez ! Buvez ! Dormez ! Et puissent mes lauriers
Ne pas être pour vous de trop durs oreillers.

(Il sort.)


Scène III

ALCESTE, PHILINTE.
Alceste

Voilà, je vous l’avoue, une brute plaisante !
Donc, il ne suffit pas que, lâche complaisante,
Mon ardeur à bien faire, en sa servilité,
Ait imposé silence à ma sincérité ?
Qu’un quart d’heure durant, souffrant mort et martyre,
Je me sois jusqu’au sang mordu pour ne pas rire,
Piétinant de sang-froid — et le sachant très bien —
Ma pauvre bonne foi qui n’y comprenait rien ?…
Il faut encore que j’aide à tuer son libraire,
Ce maraud vaniteux qui chante au lieu de braire !
Un pied-plat de ses vers me vient assassiner :
Je ne condamne pas, donc je dois patronner ?
Ah ! mais non !