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BOUBOUROCHE. — Coupe, parbleu !


ACTE PREMIER

Un petit café d’habitués, qu’éclairent quelques becs de gaz.
Au fond, la porte ; de chaque côté de laquelle, sur les vitres de la façade, des affiches qui tournent le dos.
À droite, vu de profil, le comptoir, où trône une pompeuse caissière ; puis une série de tables de marbre qui viennent jusqu’à l’avant-scène.
À gauche, longeant le mur, une égale quantité de tables.
Au centre, une table isolée, chargée de journaux et de brochures.
Au lever du rideau (outre quelques consommateurs qui s’en iront au cours de l’acte), un monsieur d’âge respectable, assis à une des tables de droite, devant une tasse de café, s’absorbe dans la lecture du Temps. — À gauche, près de la rampe, Boubouroche joue la manille avec Potasse, contre MM. Roth et Fouettard, les reins dans la moleskine de la banquette. Grand amateur de bière blonde, il a déjà, devant lui, un beau petit échafaudage de soucoupes ; cependant que Fouettard et Roth, qui se sont attardés aux cartes et qui n’ont pas encore dîné, achèvent par petites gorgées l’absinthe restée en leurs verres.

Scène PREMIERE

BOUBOUROCHE, POTASSE, ROTH, FOUETTARD, CONSOMMATEURS
Boubouroche, abattant une carte.

C’est pour la paix que mon marteau travaille,
Loin des canons, je vis en liberté.

Potasse.

Qu’est-ce qu’il faut que je fasse ?

Boubouroche.

Coupe, parbleu !

Potasse.

Avec quoi ?

Boubouroche.

Tu n’as pas de couteau ?

Potasse.

Je n’en ai jamais eu.

Boubouroche.

C’est trop fort ! Tu