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sant d’une légère confusion, vu son extrême délicatesse touchant les procédés amoureux. Le jeune femme, elle, qu’avait familiarisée avec les dures obligations de l’existence une couple d’années de ménage, prenait l’argent de Boubouroche sans en paraître autrement humiliée, et, même, ne se gênait en aucune façon pour, à l’occasion, sous prétexte d’un manchon, d’un chapeau ou d’une traite trop lourde dont l’échéance se faisait proche, taper son amant de quelques louis qui n’étaient pas dans le programme. Boubouroche lâchait ses sous de la meilleure grâce du monde, quitte, n’étant point riche, à se priver un peu et à réduire, un mois durant, sa consommation (d’ailleurs excessive), de cigares-londrès et de bocks.

Moyennant les seize cents francs visés quelques lignes plus haut, un fixe mensuel de quinze louis, le casuel, et, de temps en temps, les petits cadeaux inévitables, Boubouroche avait chez Adèle ses entrées à toute heure du jour. Il sonnait un coup sec, puis, du bout de ses doigts, battait le rappel sur la porte pour indiquer que c’était lui et ne pas obliger sa maî-