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soir, dans un café situé boulevard de Clichy au coin de la rue Fromentin.

Collé comme un timbre-quittance :

— Pas un mot de vrai ! cria Laurianne.

Ceci m’exaspéra :

— Comment ! pas un mot de vrai ?… Eh bien, tu ne manques pas d’audace ! Alors, non… — Pardon ! Tout à l’heure !… — tu ne me l’as pas, ta maîtresse, fourrée de force entre les doigts, après avoir, pauvre petite ! sacrifié sa dignité de femme et l’intimité d’un passé que tu entachais de gaîté de cœur, à l’imbécile plaisir de te donner en spectacle et de jouer au casseur d’assiettes ? Tu ne m’y as pas convié, peut-être, à en prendre à mon aise et à faire comme chez moi ? Et « En voilà assez, d’Angèle ! » et « Je n’ai pas beaucoup l’habitude de m’éterniser dans le collage », et « Crois-tu que j’hésiterai jamais entre un camarade et une femme ! » : Mirages ? Illusions ? Chimères ? Tu n’as pas dit un mot de tout cela et c’est moi qui en ai menti ?

Il m’écoutait, l’œil fou. les paupières battantes.

— Si j’ai, dit-il, tenu ce langage, c’est que