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III


L’amour, c’est l’idée qu’on s’en fait ; chacun le pratique à sa manière, au prorata des mérites qu’il lui prête et de l’estime dont il l’honore. Vous êtes, vous, d’une génération qui est peut-être dans le vrai en le tenant quantité négligeable ; moi. je ne l’admets qu’imbécile à force d’être sentimental.

Je suis homme, quand l’amour me prend, à acheter une mandoline et à en jouer des airs sous la fenêtre de la bien-aimée.

Et ceci à quarante-sept ans !… et avec la gueule que j’ai ! C’est vous dire si Mlle Mariannet trouva des fois, à son nom, chez le concierge du théâtre, des poésies signées X…

À part ça, rien du tout, d’ailleurs, — que mes reculs éblouis devant elle comme devant le Saint- Sacrement lorsqu’elle traversait le foyer, et mes regards qui la suivaient de loin, accrochés à la traîne promenée de