Page:Courteault - Mme Desbordes-Valmore à Bordeaux, 1923.pdf/37

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

Elle lui parle souvent de ses enfants, que Gergerès avait vus tout petits. Le 6 février 1828, elle écrit de Lyon :

Hippolyte grandit beaucoup. Il danse avec ses sœurs et les fait tourner. S’il pouvait les empêcher de penser[1] !

Et le 14 décembre :

Vous seriez content d’Hippolyte, je crois. Son intelligence s’ouvre et reçoit toutes les instructions de son âge avec une sorte d’amour, et il est bon comme vous l’avez connu. Ces anges me font une petite cour d’amour où la poésie se glisse quelquefois. Ils composent des vers à mourir de rire, et Valmore n’y tient pas. D’après tout ceci, vous jugez qu’il y a mille moments heureux pour moi, dans cette retraite mélancolique[2]

Le 11 février 1829 :

Il [Hippolyte] devient si raisonnable, excepté quand il se traîne en chien et déchire son habit de drap de zéphyr ; mais, quand il se tient droit, j’éprouve un grand bonheur à voir comme il grandit et comme il embellit. Robinson dans son île n’aura pas eu des enfants plus naïfs, car les miens vivent en l’air ou dans une tour de cartes de fées, ils ne voient les hommes qu’au loin, traversant les ponts et la chaussée. Je ne les sors jamais, ou je les accompagne, pour les aider à ramasser des cailloux au bord du Rhône[3]

Et le 12 septembre :

Voilà mes enfants que je vous présente, trois petits avocats en chemise qui sortent du bain et qui peuvent attester que je n’ai pas beaucoup de temps à prendre sur mes soins pour eux. Un jour, peut-être, vous m’en présenterez de tout pareils, pour vous justifier de m’avoir fait attendre. Je ne demande pas mieux que d’écouter leurs raisons[4].

En janvier 1830, Hippolyte vient d’avoir la scarlatine. Cela ne l’empêche pas de faire usage de ses petits doigts pour écrire, sans orthographe, une lettre de jour de l’an à Gergerès, où il lui dit qu’il l’aime de tout son cœur.

  1. Lettres inédites, p. 30.
  2. Ibid., p. 32.
  3. Ibid., p. 34.
  4. Ibid., p. 37