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MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

que je n’ai pu découvrir à Bordeaux que Caula (ou Colat), rue Sainte-Catherine, qui tient des soies et des cordonnets passables pour le travail des perles. Il ne faut pas les employer trop gros, et avoir soin de les cirer avec de la cire blanche. Les trois bouts sont les meilleurs et les plus unis ; mais ces jolis petits ouvrages ressemblent à toutes les petites joies de la vie. Les fils cassent, les perles roulent : adieu[1] !…

En juin 1831, elle eut un vague espoir de revenir dans notre ville :

À propos de moi et de mes épreuves, dont j’ose à peine vous parler dans un pareil moment[2], vous savez done que j’ai eu, comme un éclair, le vif espoir de retourner à Bordeaux. Tout semblait y concourir et jamais désappointement n’a été plus complet et plus rapide[3].

L’année suivante, en mars 1832, elle quittait Lyon pour Rouen, où son étoile la tirait « comme des cerfs-volants ». Et elle gémit :

Puisqu’il fallait enfin remettre cette frêle barque aux vents, pourquoi ne pas nous ramener à Bordeaux[4] ?

En mai 1834, elle est de nouveau à Lyon, où la « sévère destinée » l’a ramenée de force, « comme traînée à la torture ». Au moment de quitter Rouen, Valmore avait reçu des offres pour Bordeaux et Gergerès s’était employé à faire aboutir l’affaire. « J’ai pleuré, dit Marceline, de cette chance perdue, car vous savez que j’adore Bordeaux et que, forcée encore de quitter Paris, j’eusse été bien heureuse de me réfugier dans cette ville de mon choix. C’est trop tard[5]. » En octobre, Valmore qui, lui, se plaisait à Lyon, aurait, dit sa femme, accepté « non Paris qu’il refuse à jamais, mais Bordeaux ou Toulouse », et « une amitié » sondait à cet égard les dispositions du directeur de notre Grand-Théâtre[6]. Un an après, Gergerès s’offrait à faire aboutir la chose et Marceline l’en remerciait :

… J’accepte vos bons offices auprès de la direction de Bordeaux. Valmore vous en remercie d’avance et pencherait, de préférence à toutes les villes de France, vers celle où des liens d’amitié ont résisté à l’absence[7]

  1. Lettres inédites, p. 35-36.
  2. Allusion à la mort d’Edmond Géraud.
  3. Lettres inédites, p. 44.
  4. Ibid., p. 46.
  5. Pougin, p. 204.
  6. Lettres inédites, p. 55.
  7. Ibid., p. 57.