Page:Courteault - Mme Desbordes-Valmore à Bordeaux, 1923.pdf/17

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
15
MADAME DESBORDES-VALMORE À BORDEAUX

Géraud. J’ai osé disposé de son petit chef-d’œuvre d’Albert[1] pour une Muse chantante du plus grand talent. Mr Camille Pleyel va imprimer ou graver un recueil de six romances ou doit régner la belle Rocheloise. Mais vous verrez le scrupule qui s’impose au timide auteur à cause des pensionnats auxquels ses romances sont en partie destinées. Je n’ai pas besoin de soleil pour me trouver partout où vous êtes, Madame, et je suis pénétrée de la grace qui vous entoure. Pardonnez-moi si je finis si vite de vous remercier et de vous dire que personne n’est mieux que moi votre affectionnée.

Mme Desb. Valmore[2]


La lettre suivante, inédite aussi, que Marceline écrivait à Edmond Géraud, se rapporte sans doute au même projet de Pleyel :

Vous pouvez être, Monsieur, dans un plein repos, elle sera bleue. J’ai des remerciemens à vous offrir pour la charmante Laure[3] qui est

  1. Il s’agit d’Albert de Novalaise, romance de Géraud, datée de juillet 1822, restée inédite et dont le thème fait songer au fameux duo de Mireille :

    Albert de Novalaise,
    Aimable troubadour,
    À gente Rochelaise
    Ainsi parlait un jour :

    « Si ton père, Héloïse,
    T’enferme en un couvent,
    Je me ferai d’Église
    Pour te voir plus souvent.

    S’il te condamne à vivre
    Dans le château de Rhé,
    En geôlier, pour te suivre,
    Je me déguiserai.

    Aux flancs d’une galère
    S’il cache tes appas,
    Je prendrai, pour te plaire,
    La rame des forçats.

    Si d’aller en Galice
    Il t’impose la loi,
    Je ceindrai le cilice
    Pour partir avec toi.

    Enfin s’il te marie
    Au comte de Cholet,
    J’oublierai ma patrie.
    Pour être ton varlet. »

    Dès que ce mariage
    Hélas ! fut terminé,
    Albert devint le page
    De l’époux suranné.

    Et l’adroite comtesse
    Unit, depuis ce jour,
    Grand renom de sagesse
    À doux péché d’amour.

    (Mss. d’Edmond Géraud, Variantes, p. 625.)

  2. Sans date [fin 1826 ou début de 1827]. (Mss. d’Edmond Géraud, lettres originales, p. 206).
  3. Il s’agit du Songe de Pétrarque, romance où Géraud met en scène Laure apparaissant à son poète pour lui faire de funèbres adieux.