était rue Montesquieu, no 21[1]. C’est de ce dernier logement que Marceline parle dans une lettre à son oncle Constant, du 28 février 1826, en l’invitant à venir les rejoindre : « Un balcon de deux cents pas, où se trouve une chambre qui vous appelle[2]… ». Ce balcon « de deux cents pas » est celui de la grande maison construite en 1801 par l’architecte Godefroy, en forme de rotonde, à l’angle de la rue Montesquieu et du cours de l’Intendance, et qui porte aujourd’hui le no 16.
Prosper Valmore débuta au Grand-Théâtre, le lundi 5 mai 1823, dans le Menteur. Edmond Géraud, qui était chargé de la critique dramatique au Mémorial bordelais[3], publia, le 7 mai, un feuilleton, plutôt élogieux, sur ce début. Il loua les dehors brillants de l’acteur, « jeune homme de taille avantageuse, d’une figure très agréable et d’une physionomie intéressante », son débit net et nuancé. Mais il nota qu’à la fin du troisième acte, il avait « une dégaine commune » et que cela suffit à imposer silence aux bravos. Au total, il lui parut capable de tenir les premiers rôles d’une manière distinguée, au moins dans la comédie. Le 9 mai, Valmore remercia Géraud de ce jugement indulgent[4]. Les débuts suivants furent moins heureux. Dans son compte-rendu de La femme jalouse, Géraud note quelques mouvements de chaleur et aussi d’une véritable sensibilité, mais ajoute que « son premier début dans le Menteur est ce qu’il nous a donné de mieux jusqu’ici[5] », Dans la comédie de Monsieur de Crac, il le trouva « un peu lourd[6] ». S’il fut meilleur dans L’Éducation ou les Deux Cousines, de Casimir Bonjour, il ne parut pas à son avantage dans Gaston et Bayard, la tragédie de de Belloy et se montra « négligẻ et inégal » dans Le Mariage de Figaro. Il fut médiocre aussi dans la reprise des Comédiens, de Casimir Delavigne, où les Bordelais avaient applaudi Desforges[7]. Enfin Géraud résumait ainsi son opinion dans son compte-rendu du « bénéfice » de Valmore, le 29 décembre, où l’artiste ne parut pas d’ailleurs : « J’ai déjà dit que, dans ses rôles les plus ternes, cet acteur avait au moins des éclairs d’un talent
- ↑ Lanchantin-Valmore à Mme Desbordes-Valmore. 11 février 1826 (Œuvres manuscrites, p. 222).
- ↑ Pougin, p. 150.
- ↑ Il signait P.
- ↑ Cette lettre inédite se trouve dans les papiers d’Edmond Géraud, conservés par Mme Pierre Meller.
- ↑ Mémorial bordelais, 18 mai 1823.
- ↑ Ibid., 23 juin 1823.
- ↑ Ibid., 6, 13 juillet, 9 août 1823.