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PREMIÈRE PARTIE.

EXERCICES PRÉLIMINAIRES

ire. SUITE D’EXERCICES.

Exercices de notes sous les doigts pour les deux mains sans changement de position pour ne pas déplacer la main.

L’usage ordinaire de faire commencer les élèves par des grammes, ne me parait pas bon, en ce qu’elles exigent le déplacement de la main par le passage du pouce, avant que l’élève ait pris, pour ainsi dire, possession de l’instrument, c’est-à-dire, avant que sa main y soit posée selon les règles, et que les cinq doigts aient acquis la facilité de mouvemens, nécessaire à avoir pour bien passer le pouce et déplacer la main. Une autre faculté qu’on doit acquérir avant de faire la gamme, est celle de faire du pouce et du cinquième doigt de chaque main deux points d’appui, qui puissent soutenir les notes touchées, et donner ainsi de la sureté à la main, de l’égalité et du liant dans le mouvement des doigts. Lorsque l’élève devient plus fort, cette faculté de ne pas quitter certaines notes lui donne l’avantage de doubler le volume du son du Piano, en faisant durer les vibrations. L’élève ne passera donc aux Gammes, qu’après avoir vaincu les difficultés de cette première suite d’exercices, bornés de la tonique à la quinte. Il placera sa main de la manière indiquée dans l’avertissement de cet ouvrage, et conservera invariablement cette position. Il étudiera chaque trait fort lentement, et tiendra avec soin, pendant toute la durée, les notes touchées par le pouce et le cinquième doigt. Il touchera la note avec fermeté, sans pourtant la taper. Ce n’est qu’avec un tact ferme, que le jeu acquiert du mordant, et ce brillant énergique qu’il ne faut pas confondre avec le sautillement que souvent on nomme très improprement légèreté. La dureté dans le toucher ne doit pas être prise pour de la fermeté, et le défaut de taper ne doit pas être confondu avec l’avantage de sentir fortement la touche. La vigueur qu’on doit chercher, il faut la trouver tout Enti ! re dans la main, et non dans aucuns mouvements violents du poignet ou du bras. Ceux-ci sont le résultat de la roideur ; l’élève l’évitera soigneusement en suspendant son travail aussitôt qu’elle se fera sentir.

La nécessité d’étudier lentement, et en appuyant chaque note, est connue de tous les grands talens : c’est ainsi qu’ils se mettent en doigts, et il prouvent en cela que jouer lentement est la plus sûre méthode pour apprendre à jouer vite.

L’élève étudiera d’abord chaque exercice séparément ; puis il les enchaînera l’un à l’autre, et il en résultera une contrariété et une diversité de mouvemens, fort utiles à l’indépendance des doigts entre eux, et à l’accord des deux mains. Les sept premiers numéros, et les numéros 19, 20, 21, 22, 24, 28, 47, 48, 56, 66, doivent être plus spécialement pratiqués.