c’était la jeunesse avec son teint de pulpe et ses grands yeux purs, dont aucune sensualité n’avivait encore le tranquille éclat. Elle se tenait très droite, pensive, la bouche entrouverte : ses bras admirables étaient gantés jusqu’aux coudes et sa main gauche, qui tenait un éventail de plumes, posait gracieusement sur le bourrelet de velours rouge.
Les jumelles se la disputaient : mais la naïve jeune fille ne se doutait point de cet hommage silencieux où minaudent et se gracieusent les coquettes, et son charme en était augmenté.
Adolphine, très animée à son ordinaire, les gestes brusques, insoucieux d’élégance, occupait le fauteuil de droite, vêtue d’un liberty mauve qui allait à merveille avec sa flambante chevelure. Toutefois la robe n’était pas ajustée : elle se ceinturait sous la gorge et tombait en plis amples et nombreux pour dissimuler avec à-propos une situation prospère.