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PAULINE PLATBROOD

tions il s’aventurait à présent dans les rues ! La crainte d’y rencontrer Pauline l’obligeait à d’incroyables détours. Dès que ses yeux perçants l’avaient aperçue là-bas, très loin, il recevait comme un choc électrique : il pâlissait et s’enfuyait, le cœur sonnant dans la poitrine.

Ces jours là, il restait sombre, navré d’un ennui mortel. À peine touchait-il aux bons rôtis de la vieille Rosalie qui, devinant son chagrin, entreprenait de le consoler à force de petits plats.

Mais il n’avait plus d’appétit : son visage autrefois rose et plein, d’une expression si tranquille, s’enfiévrait, devenait dur, presque méchant sous le tourment de son mal. Et ses yeux brillaient d’un feu exaspéré.

La servante s’en désolait avec son vieux maître :

— Vous ne voyez pas, disait-elle, comme Suske devient maigre ! Il ne mange encore