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PAULINE PLATBROOD

s’endormait. Dans l’humilité de son âme, il s’avouait parfois qu’il avait aspiré à un bonheur trop grand et n’y voulait plus croire. Il se résignait à ce qu’il ne pouvait empêcher. Le sentiment d’un rêve impossible, loin d’aiguiser son mal, apaisait au contraire son cœur raisonnable ; sa tête redevenait forte et saine : il se soumettait docilement à la fatalité du destin.

Or, un soir qu’il s’en revenait de Cureghem en sifflotant, car il avait retrouvé un peu de joie dans l’aubaine d’une grosse entreprise, deux femmes le frôlèrent qui marchaient à pas pressés. C’était rue des Fabriques, devant le grand vestibule d’une brasserie d’où s’échappait en ce moment un épais nuage au parfum de houblon et de malt.

Et François ne siffla plus. Et il se sentit tout à coup le cœur si petit et les jambes si molles, qu’il dut s’asseoir sur un gros tonneau…