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Mme KAEKEBROECK À PARIS

N’importe, après cette alerte, il parut prudent de ne pas s’attarder davantage et de gagner au plus vite le compartiment des jouets. La foule commençait d’ailleurs à s’éclaircir et l’on circulait à présent avec moins de peine.

Dix heures avaient sonné, mais le bazar ne fermait qu’à minuit. C’était une rude journée ; les vendeuses surtout semblaient harassées : leurs figures hâves prenaient des tons de cire au-dessus de la blouse noire d’uniforme. Pourtant, elles crânaient, toujours debout, résolues d’aller bravement jusqu’à la dernière minute de l’heure. Rien n’arrêtait leur boniment ; fiévreuses, les yeux plus brillants d’être enfoncés dans un cercle de bistre, elles travaillaient pour la joie des gosses. Et cette pensée les soutenait, ranimait à chaque instant leur courage, donnait à l’enrouement de leur voix quelque chose de joyeux :