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Mme KAEKEBROECK À PARIS

rapides, gâté du reste par cette bougon de Victorine qui le laissait toucher à tout, enseignait sa jeunesse à tourner dans les sauces, lui tenant la main sur la cuiller à pot à la manière d’un professeur de calligraphie recouvrant la menotte de l’écolier qui façonne ses premiers bâtons, lui abandonnant même jusqu’au rouleau à pâte lorsque, se haussant à la confection de quelque solide tarte bourgeoise, elle brassait rudement la farine et les œufs dans le pétrin.

Oui, cette bonne Victorine lui enseignait beaucoup de choses, mais pas le français certainement. Elle le perfectionnait au contraire dans le charabia ; car, native de Landeghem, cette vierge de trente-cinq ans s’exprimait dans un idiome ingénu, celui d’une négresse du Gabon dont elle avait d’ailleurs la face mafflue, le nez épaté et les lèvres pneumatiques. Elle était au surplus verbeuse de toute la difficulté qu’elle éprouvait à se faire comprendre. Aussi les séjours prolongés