Page:Courouble - Les Noces d'or de M et Mme Van Poppel (La famille Kaekebroeck), 1902.djvu/98

Cette page a été validée par deux contributeurs.
98
LES NOCES D’OR

daient guère dans cette boutique inconfortable, défendue par une petite sonnette plus enragée qu’un roquet. Il y faisait glacial en hiver, lourd et irrespirable en été. Fort économes, les demoiselles Janssens ignoraient le gaz ; le magasin n’était jamais éclairé. Le soir, il fallait un certain courage pour franchir le seuil de cet antre où l’on demeurait dans un noir opaque, cabalistique, jusqu’à ce que Prudence ou Félicie arrivât, Psyché dérisoire, avec une antique carcel en porcelaine blanche.

Et cependant, cette boutique surannée était comme un paradis pour les gamins et les fillettes, quand, leur pièce de « cinque » centimes dans la main, ils venaient acheter quelque féroce image d’Épinal. La complaisance des demoiselles Janssens était inaltérable : elles déposaient le ballot sur le comptoir, dénouaient la ficelle, ouvraient le papier