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LES DEUX CROISIÈRES

aux amants. L’Intermezzo lui semblait d’une fadeur insupportable. Tous les matins, il fourrageait avidement les Faits-Divers, à la recherche de quelque histoire sentimentale sur quoi il improvisait une folle chronique.

En somme, il ne niait pas la passion, mais il avait décidé qu’elle n’était qu’une folie brève, une fièvre que la possession apaisait aussitôt. Il répétait volontiers : « À la longue on se rassasie même du miel, même des fleurs enchanteresses d’Aphrodite ! » Il en voulait aux amants de ne pas deviner cela. Pour lui, Roméo et Juliette avaient bien fait de mourir, car ils se fussent chamaillés sitôt après les noces.

À vingt-cinq ans, alors qu’il n’avait pas encore subi l’épreuve du monde ni celle des choses, il se croyait déjà très bon docteur en sciences psychologiques, défiait n’importe quelle femme d’avoir le moindre empire sur lui et de l’entraîner dans une liaison. Ses rapides amou-