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ATLANTIQUE IDYLLE

— Vous savez le français, Mademoiselle !

Elle sourit :

— C’est la langue que je parle de préférence.

— Vous saviez le français, vous saviez le français ! fais-je avec exaltation. Comme c’est mal à vous ! Ah, si vous aviez voulu, nous aurions été moins malheureux !

Elle secoue doucement la tête :

— C’est vrai, dit-elle, peut-être aurions-nous été moins tristes pendant quelques heures. Mais aujourd’hui, est-ce que nous ne serions pas tristes pour jamais !

Elle fixe sur moi ses clairs yeux bleus :

— Je ne suis pas Allemande, comme vous pensez, mais Luxembourgeoise. Je viens de Remich, et vais avec mon cousin dans le Kentucky, auprès d’un oncle qui veut bien nous recueillir. Nous sommes orphelins. Bientôt, je serai loin, mais, je le jure, je garderai