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LES DEUX CROISIÈRES

Toutes les dames se précipitent aux bordages, ajustent des lorgnettes. Leur fièvre gagne les émigrants. Bientôt il n’y a plus personne qui n’interroge anxieusement l’horizon.

Soudain un cri tombe de la hune.

He comes !

C’est une bousculade indescriptible.

— Le voilà, c’est lui, le pilote, le pilote !

On trépigne, on se hausse sur les pointes, tandis que les officiers sourient avec indulgence devant cette puérile frénésie qui se répète au terme de chaque voyage.

Oui, c’est le bateau-pilote. Il arrive, penché, toutes voiles dehors. Parfois, dans ses bordées, on aperçoit une tache noire dans le haut de sa brigantine ensoleillée. C’est le numéro ; mais il défie encore les plus fortes jumelles.

Des loustics crient :

— C’est dix ! Non, c’est dix-neuf ! C’est vingt-quatre !