Page:Courouble - Les Deux Croisières, 1928.djvu/66

Cette page a été validée par deux contributeurs.
66
LES DEUX CROISIÈRES

— La terre : s’écriait-il en délire, où est la terre ?

Un soir, le docteur, qui l’observait avec curiosité, lui dit à brûle-pourpoint :

— Tu cherches la terre, my fellow ! Eh bien, tu la verras demain avant tous les autres ; je te le promets.

— Je veux voir la terre, répéta le bonhomme. Je le veux ! Oh, la terre, la terre !

La peur d’une navigation éternelle hantait ce cerveau détraqué.

Le lendemain matin, Mr. Pimley s’approcha du musicien et lui dit :

— Maintenant, boy, je vais te faire voir la terre.

Il lui prit les mains et les éleva jusqu’à la hauteur de ses yeux.

— Eh bien, la vois-tu la terre, à présent ! s’écria le docteur en lançant une œillade au public.

Le pauvre fou tendait ses yeux si fort qu’ils semblaient montés sur pédoncules.