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LES DEUX CROISIÈRES

Mais chez ce praticien surprenant, rien n’égalait le diagnostic.

Mandé auprès d’un passager souffrant, il suffisait qu’il flairât une seconde, par la porte entre-bâillée, l’air de la cabine ou même l’air ambiant : il savait la maladie. Vite il lançait sur elle une, deux, trois pilules. C’en était fait : elle était tuée comme par des balles.

Il n’y eut pas un seul décès à bord. Il y eut trois naissances !

Dès qu’il paraissait sur le pont, un sourire éclairait les plus sombres figures. C’était le vainqueur du spleen, la joie, la perpétuelle distraction de l’équipage qu’il étourdissait de ses gambades, de ses lazzis de paillasse.

Le soir, dans l’air dormant et rose, quand le merveilleux spectacle de l’Océan et du ciel retenait un moment rêveur, même jusqu’au garçon sorti de l’écoutille pour verser les immondices